Synopsis :
2199. La galaxie a sombré dans la plus impitoyable des guerres. Les radiations ont rendu la Terre inhabitable et il n’y aura bientôt plus de refuge possible pour l’espèce humaine. Un seul vaisseau peut retrouver la machine de décontamination qui sauverait la Terre d’une extinction inévitable : le Yamato.
Titre français : Space Battleship – L’ultime espoir
Titre original : Space Battleship ヤマト (Supēsu Batorushippu Yamato)
Réalisation : Yamazaki Takashi
Scénario : Sato Shimako, d’après une histoire de Nishizaki Yoshinobu, qui l’a adapté de Uchū Senkan Yamato de Matsumoto Leiji, qui s’est lui-même inspiré du cuirassé Yamato (c’est l’histoire sans fin, ce truc…)
Genre : science-fiction, space opera, grandiloquence nunuche
Durée : 138 min (soit 2 h 18 pour les gens qui comptent normalement)
Année : 2010 (2011 pour la sortie française)
Pays d’origine : Japon (tout à gauche sur la carte)
Casting : Kimura Takuya, Kuroki Meisa, Yanagiba Toshirō, Ogata Naoto, Takashima Reiko, Nishida Toshiyuki, Ikeuchi Hiroyuki, Skorick Maiko, Yashiba Toshihiro, Namioka Kazuki, Saito Takumi, Miura Takahiro, Yamazaki Tsutomu, Ōwada Kensuke
Avis :
Petit rappel historique : avant de devenir un vaisseau spatial, le Yamato fut un vaisseau naval. Un bateau, quoi. Pas n’importe quelle coque de noix, il s’agit du plus grand cuirassé jamais construit dans l’histoire de la marine de guerre. Coulé en avril 1945, il reste un symbole historique fort au Japon (cf. entre autres le succès de 男たちの大和 – Les Hommes du Yamato de Sato Junya en 2005).
Matsumoto Leiji le ressuscite en 1974 dans une série d’animation SF, Uchū Senkan Yamato (宇宙戦艦ヤマト).
En France, on connaît surtout de Matsumoto Albator et ses séries cousines (Galaxy Express 999, Queen Emeraldas). Il faut attendre 2011 et la sortie DVD de Space Battleship pour que le Yamato mette un pied (ou l’étrave) dans l’Hexagone.
Au Japon, tout l’inverse, Yamato est une saga énormissime, autant par son volume (une quinzaine d’œuvres sous forme de séries TV d’animation, films d’animation, OAV, mangas) que par son statut culte.
La série originelle marque un tournant dans l’animation à la charnière des années 70-80. Le dessin animé ne s’adresse plus aux seuls enfants mais s’étend à un public ado/adulte. On parle alors d’anime boom (à ne pas confondre avec Dany Boon), dont Yamato sera une des chevilles ouvrières.
En 2010, une adaptation live de l’anime débarque sur grand écran. Le film se classe numéro 1 au Japon dès sa sortie et se permet de détrôner Harry Potter.
Mouais…
Ben bof, hein…
Techniquement, les effets spéciaux sont bien foutus et en jettent à mort. Les combats spatiaux, passage obligé de tout bon space opera, valent le spectacle ! Le design des vaisseaux rappelle les grandes heures de la marine impériale, on n’est pas volé sur la quincaillerie.
Et c’est tout.
Le reste est à mourir d’ennui ou de rire, au choix.
Le film est long tant sur le papier – plus de deux heures – que devant l’écran. Le rythme s’étiole entre deux scènes d’action/révélation à coups d’intermèdes verbeux pleins de guimauve et de cabotinage. S’il faut bien reconnaître un défaut récurrent dans le cinéma grand public nippon, c’est bien la manie de verser dans le sentimentalisme à deux balles, dégoulinant de mièvrerie, larmes et violon. Un comble pour un pays où montrer ses sentiments est considéré comme une manifestation du Mal absolu. Yamato offre la méga dose de dialogues niais, creux et inteeeermiiiinaaaables.
On se fait chier plus de la moitié du film, ou on passe en accéléré les logorrhées éplorées pour sauter d’un combat l’autre et réduire le métrage à la durée d’un épisode de Star Trek.
Le casting regroupe quelques têtes célèbres au Japon, issues pour l’essentiel de la chanson et du mannequinat (l’acteur et chanteur Kimura Takuya, l’actrice et chanteuse Kuroki Meisa, l’acteur pas chanteur Yamazaki Tsutomu). Le niveau de cette brochette d’amateurs oscille entre pas terrible et désastreux, bourré de surjeu et de maladresse. Une de pires courses à l’Oscar du cabotinage que j’aie pu voir endurer. Sans blague, supporter Kimura Takuya deux heures, faut en vouloir… Le Kylo Ren japonais, le même charisme de Port-Salut, le même coiffeur bloqué dans les années 80, la même tronche de con inexpressive…
La faute à cette autre manie japonaise de coller des idoles dans des films, parce que leur tête et leur nom font vendre. S’il n’est pas trop difficile de bricoler un chanteur pour peu qu’il sache s’agiter correctement sur une chorégraphie – la divine trinité Playback, Maquillage et Attachée de Presse pourvoiera au reste –, s’improviser acteur est une autre paire de manches. Ici, le costard taille petit, à croire que le styliste s’appelle Marcel.
Seul à tirer son épingle du jeu, Yamazaki Tsutomu, briscard du grand écran, qui incarne ici un vieux loup de mer galactique… desservi par un maquillage nanardesque.
Surtout, surtout, le film est à voir en version originale ! Pas tant pour le côté snob VO über alles que pour avoir jeté une oreille à la VF : elle est pourrave, abominable, atroce et je suis gentil. On atteint le summum du ridicule quand, pour rendre l’accent provincial d’un personnage, la magie du doublage l’affuble d’un accent marseillais. Ils ont osé…
Yamato aurait pu… mais non, il coule à pic comme son homologue secondeguerremondialien. Du matériau originel de la saga il ne reste qu’un vaisseau spatial de la mort et de beaux combats dans les étoiles, le reste est aussi nase qu’un épisode des Power Rangers.