Piège arctique
Gauthier Wendling
404 éditions
On s’embarque aujourd’hui dans un escape book 2 le retour de la vengeance, après La marque de Cthulhu du même auteur. Enfilez votre doudoune, car on va se peler les miches au fin fond de l’Arctique pour une chasse au trésor.
Pour le principe de l’escape book, je vous renvoie à ce que j’en ai dit dans ma chronique de La marque de Cthulhu. En version courte, il s’agit d’un livre dont vous êtes le héros avec des énigmes.
S’il y a bien un format qui se prête à ce genre d’exercice de jeu d’aventure à énigmes, c’est le jeu vidéo, clairement le plus adapté pour d’évidentes raisons d’immersion et d’ergonomie (i.e. l’accès immédiat à tout, inventaire, livre de quêtes, carte, etc. grâce aux raccourcis clavier). En second, la boîte, avec un livre-jeu, un ou plusieurs livrets annexes et une tripotée de pions, marqueurs, indices… N’arrive qu’en troisième position le format livre avec tout dedans, qui multiplie les allers-retours entre le corps du texte et les annexes. Après, le livre compact a aussi le mérite de la solution la plus économique pour te proposer un jeu complet à pas cher (ici 12 balles), sans devoir investir 30, 50, 80€.
Celui-ci est bien fichu et bien construit. Tout est dedans, organisé de façon à ce qu’on s’y retrouve sans galérer des plombes à chercher la bonne page. On peut utiliser le bouquin tel quel, ou imprimer et découper certaines parties sans abîmer le livre pour autant, plusieurs annexes étant téléchargeables de façon à les avoir sous la main en permanence. Une option bien vue pour se faciliter la vie, tout en restant un plus, pas obligé, donc qui ne lèse pas les lecteurs dépourvus d’imprimante.
Ce Piège arctique s’inscrit dans une longue lignée de titres glacés, à commencer par Les aventures du capitaine Hatteras de Jules Verne et Le Sphinx des glaces du même Juju (suite ratée des Aventures d’Arthur Gordon Pym de Poe). À noter qu’on se situe ici dans une ambiance aventure-action, style Indiana Jones en anorak. Après La marque de Cthulhu, je m’attendais à quelque chose du même tonneau, plutôt porté vers Frankenstein (Shelley), Les montagnes hallucinées (Lovecraft) ou The Thing (Carpenter), mais non, même si on retrouve une certaine parenté liée à la géographie et à l’ambiance de mystère. Perso, j’aurais préféré un récit plus porté vers le fantastique, la SF, l’horreur, mais c’est affaire de goût. En l’état, Piège arctique fonctionne bien sur la base des choix narratifs de l’auteur.
Le but de l’opération sera donc de retrouver une épave perdue depuis le XIXe siècle, tout en survivant aux nombreux dangers de ce coin pas très hospitalier du globe. Deux récits et deux points de vue s’enchâssent, à deux époques différentes, ce qui offre l’occasion d’incarner deux personnages, procédé peu usité dans le genre et qui marche bien ici.
Le livre est à la fois bien conçu et bien réalisé, on y trouve tout ce qu’on peut en attendre (aventure, rebondissements, casse-têtes) avec assez de variété pour ne pas s’ennuyer et différents choix qui offrent deux fins possibles, soit un bonus bienvenu en termes de durée de vie, puisqu’on peut le rejouer en prenant des décisions différentes. Les énigmes sont, dans leur conception, moins alambiquées que dans La marque de Cthulhu et plus intuitives. Des plans pour s’y retrouver, des illustrations pour se sentir dedans, rien à redire côté graphique, c’est du bon. Sur le fond comme sur la forme, Piège arctique est une réussite qui fait passer un agréable moment de jeu.