Le colonel Chabert – Honoré de Balzac

Le colonel Chabert
Honoré de Balzac

Librio

Le colonel Chabert Honoré de Balzac Librio

La Restauration, c’est tout nase et ses élites nobiliaires ne valent pas un pet de lapin au regard de celles du glorieux Empire, voilà ce qui ressort de cet opus. Bah non, c’est ni mieux ni pire, suffit d’ouvrir n’importe quel livre d’histoire pour en avoir la confirmation.
Le roman est court, ce qui présente deux avantages. D’une, on n’a pas le temps de s’ennuyer comme souvent dans les textes de Nono où les descriptions interminables rivalisent avec les dialogues dont on ne voit pas le bout. De deux, on n’a pas le temps non plus de mourir étouffé sous la mauvaise foi napoléonophile du machin.

La veuve Chabert est une vile intrigante parce que veuve Chabert. L’histoire se déroulerait dix ans plus tôt, Balzac nous l’aurait présentée comme un modèle d’ascension sociale rendue possible grâce à la main généreuse du Palpatine de l’époque, souverain parfait d’un Empire tout en aigles et dorures, genre de Jérusalem céleste bling-bling à la française. Mais non, nous sommes en 1817, Napo a été viré à Sainte-Hélène à coups de pompes dans l’oignon, Ma’ame Chabert fricote avec l’ancienne noblesse, donc c’est une méchante.
Face à elle, le preux colon, fier guerrier de l’armée impériale (même si on se demande où y a à se sentir fier de dézinguer des gens à tour de bras…). Ce pauvre héros vient nous parler d’honneur, lui qui a passé des années à servir un régime autoritaire et a contribué à la mise à feu et à sang de toute l’Europe. L’honneur, donc. Bon, c’est pas trop la définition que j’en avais… Après, c’est pas une surprise non plus, Balzac est connu pour vouer une admiration sans bornes au prince du bicorne et, en bon fanboy, on peut compter sur lui pour passer la brosse à reluire avec autant d’aveuglement que de mauvaise foi, le tout dans la plus parfaite décontraction.
Entre les deux maître Derville, avocat qu’est loin d’être une flèche. Il est surtout là pour servir de témoin “““objectif””” avec beaucoup de guillemets, tant le parti pris de l’auteur biaise le regard porté sur l’affaire Chabert pour qu’on empathise à mort avec le revenant d’Eylau (le soleil brille, ajouterait Annie Cordy). L’astuce peut prendre si on ne sait rien de l’histoire du Premier Empire. Quand on connaît un peu les réalités de l’ambiance du règne napoléonien qui n’a rien à envier à l’Ancien Régime en matière d’arbitraire et de pouvoir absolu pas super éclairé, dur de se laisser prendre par l’illusion du pauvre petit gars Chabert, mi-Connor MacLeod, mi-Caliméro.

Moins manichéen et plus nuancé, j’aurais pu adhérer au projet. Là, bon, cette lecture m’en a touché une sans remuer l’autre, j’ai passé l’âge de me laisser éblouir par le mirage du mythe napoléonien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *