Petit détour au Japon pour découvrir à quoi ressemble la déclinaison locale du cybercafé croisé avec un couteau suisse.
On les appelle cafés manga par analogie avec les cybercafés. Il serait plus juste de parler de “salon de thé manga”. Les Experts : Tokyo ont passé tous les indices au spectrobidule sans trouver la moindre trace de café dans l’appellation en VO. Rien que du thé, une religion au Japon. Le lien étymologique entre kissaten (喫茶店) et manga kissa (漫画喫茶) saute aux yeux.
Or donc, le manga kissa résulte de l’union d’un salon de thé et d’une bibliothèque. Assez vite, le bambin a muté pour devenir un monstre protéiforme. On peut y lire des mangas en libre-service, mater des animes, disposer d’un accès Internet, s’enfiler des rafraîchissements à volonté, le tout dans une cabine équipée comme une navette spatiale (fauteuil en cuir, télé, lecteur DVD, console de jeu, ordinateur).
La plupart de ces nolife paradises restent ouverts toute la nuit et proposent douches et futons. Tout ça pour un prix dérisoire (entre 100 et 400 ¥ de l’heure), avec un forfait nuit de 6 heures autour de 1000-1500 ¥ (8-12 €) selon les établissements. Autant dire que les lieux font office de résidence principale pour les plus démunis, au point qu’il existe une appellation spécifique pour cette population (ネットカフェ難民, nettocafe nanmin ou “réfugiés des cybercafés”). Un bon plan aussi pour se dépanner quand on a loupé le dernier métro et qu’on veut éviter dix ans d’endettement en taxi.
Si tu cherches un endroit où bouquiner pendant des vacances au Japon, tu ne peux pas rêver mieux. Dans le genre bien achalandés, certains établissements s’enorgueillissent d’afficher 200 000 volumes en rayon. Une mine de séries qui ne verront jamais le jour en France, une expérience de lecture originale, que demander de mieux ?
Pratique aussi pour se dépanner une nuit. Par contre, je déconseille comme solution d’hébergement à long terme. Certes économique mais confort de literie plus que spartiate, à éviter si tu as des problèmes de dos (je parle en connaissance de cause…), si tu es claustrophobe ou si tu as le sommeil léger (insonorisation parfois sommaire). Enfin, si tu viens en charmante compagnie, l’exiguïté des lieux et leur intimité plus que relative impliquent d’éviter les positions acrobatiques et les gémissements bruyants.
Un petit mot sur leurs équivalents français… J’ai testé aussi et bof. Le Manga Café V2 à Paris m’a laissé sur une impression mitigée. Il y a de quoi lire, certes, mais faut voir les conditions. Quand tu connais les tarifs japonais, ceux de Paris te feront pleurer (et ta carte bleue encore plus). Surtout, quand tu mesures 1,85 m comme moi, tu ne sais pas trop comment te caser dans ce lieu conçu à l’échelle de Mimi Mathy. Je te laisse admirer l’espace entre les banquettes sur la photo ci-dessous, vaut mieux laisser ses guiboles à la maison…