L’enterrement des rats – Bram Stoker

L’enterrement des rats
Bram Stoker

Librio

Bram Stoker L'enterrement des rats et autres nouvelles Librio

La nouvelle éponyme donne le ton de ce recueil qui pue la poussière, le XIXe et la droite : récit victorien type, qui voit un Anglais propre sur lui et pétri d’esprit chevaleresque s’aventurer dans les bas-fonds parisiens en 1850. Tout y est : le regard condescendant sur les pauvres, crasseux – le champ lexical de la saleté est convoqué dans sa totalité – et bien sûr alcooliques et voleurs, qui sont tous “comme par hasard” des enfants de la Révolution (donc le Mal à l’état pur pour la perfide et monarchiste Albion). Notre preux touriste fuit devant l’adversité, pour revenir avec la garde qui tire dans le tas sans autre forme de procès. À défaut d’ode au courage, on se contentera de ce vibrant hommage à la répression policière. Bref un récit qu’on aimera pour peu qu’on ait l’esprit petit-bourgeois et réac (et comme je me situe à l’autre bout du spectre, j’ai pas aimé du tout).

Une prophétie de bohémienne est une gentille historiette mal écrite. Le début est trop rapide, avec ses Bohémiennes traitées de façon superficielle, pas comme des personnages mais juste des silhouettes (une jeune aux “yeux perçants”, une vieille au “regard perçant” aussi, bravo la redondance et le sens du détail). Idem la fin, expédiée et confuse. Au milieu, on a droit à des perles comme “les femmes sont superstitieuses, beaucoup plus que nous le sommes. Et aussi, elles sont bénies – ou maudites –, avec leur système nerveux auquel nous sommes étrangers.”

Les sables de Crooken aurait pu être un récit cocasse s’il avait été réduit de moitié et débarrassé de sa religiosité. En l’état, c’est surtout trente pages de longueurs et de morale bien-pensante sur la vanité. Relou.

Le secret de l’or qui croît se situe quelque part entre un conte de Grimm et une nouvelle de Poe (je pense en premier lieu à Un cœur révélateur) mais en moins bien.

Quatre nouvelles, quatre ratages. Bravo, l’artiste…
Donc Stoker, hein, sorti de Dracula, c’est pas ouf.

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