Connie la Barbare – Gianluca Maconi

Connie la Barbare Gianluca Maconi Tabou

Connie la Barbare
Gianluca Maconi

Tabou

Trois tomes pour la série, soit un total de presque 400 pages.
Dont plus de 300 de trop.

La Nuit du Gloriole démarre pas mal en prenant soin de poser les bases de son univers et de son personnage. Derrière faudra se taper une interminable chasse au démon de 100 pages.
Les bijoux du Transistan amorce un fil narratif dans un pays des Mille et une nuits avec calife, vizir à la Iznogoud et tous les poncifs du genre. L’histoire s’étire en péripéties interminables et dispensables (bagarre d’auberge, astuce éculée du rêve pour placer une scène de boule sans rapport avec le reste…).
Il faut attendre L’héritage de Kalbutplin pour voir enfin se terminer l’histoire du volume précédent, l’ensemble du diptyque représentant 250 pages poussives quand un opus au format classique de 46 planches aurait pu raconter la même chose en plus pêchu.

Cette trilogie est une vaste foirade de A à Z.
Connie arrive quarante ans trop tard. Des déclinaisons de Conan le Barbare, pastiches, clones, plagiats, parodies (Cohen le Barbare chez Pratchett), contrepieds (Elric), jusqu’aux pires nanars (Kalidor, Les Barbarians), on en a déjà vu défiler à foison depuis que le personnage est né sous la plume de Robert E. Howard. Leur nombre a explosé dans les années 80 juste après la sortie du film avec Schwarzie. Autant dire qu’avec une cohorte pareille de prédécesseurs, faut vraiment avoir du lourd à proposer pour apporter quelque chose qui n’ait pas déjà été fait.
Mais tout ce qu’on trouve dans Connie qui soit lourd, c’est son humour. Il semble dater de la même période, cette décennie 1980 où les gens se marraient d’un rien. La grande époque de Michel Leeb, c’est dire si on savait rigoler (ou pas…). L’humour de cette BD pèse autant qu’un dragon et assomme mieux qu’un marteau de guerre. J’adore les calembours, mais là quand même… Y en a trop, pour tous les noms de lieux et personnages. Que des blagues de teub (certes dans le ton pour de la bande dessinée érotique mais au ras des pâquerettes) et du pipi-caca-prout, du potache qui tache digne d’un collégien de 6e à l’établissement Jean-Marie Bigard à Trifouilly-les-Zob.

L’univers dans lequel évolue Conan relève de l’heroic fantasy. Ici, la fantasy semble s’être perdue en route. Un démon dans le premier tome, rien dans le second, à peine plus dans le dernier.
On se demande aussi ce qu’il reste des modèles du personnage de Connie, à part son nom emprunté à Conan, ses cheveux roux et son bikini en mailles piqués à Red Sonja. Elle s’appellerait autrement, sans référence à l’œuvre d’Howard, on ne verrait pas la différence. Parce qu’il ne subsiste rien du matériau originel.

Affiche film Conan le barbare
Dans un tout autre style graphique…

Le graphisme enfin ne se hisse pas à des sommets. Le style hésite entre cartoon et réalisme sans parvenir à trancher entre les deux ni à les marier. Beaucoup de visages sont ratés, comme tracés à la va-vite sans se casser la tête à retoucher les problèmes d’angles, de proportions, de profondeur. L’ensemble manque de détails alors que l’univers de Conan en regorge. Idem pour la pauvreté des couleurs qui ignorent le dégradé – symbolique de cette trilogie où l’absence de nuances est reine à tous les niveaux. Un personnage tout nu, c’est deux teintes pour la peau : la principale, une secondaire plus foncée pour l’ombrage, rien entre les deux. Rendu terne, sans relief. Ne parlons pas des arrière-plans inexistants dans les trois quarts des cases qui n’affichent qu’un à-plat monochrome (parfois hachuré quand l’auteur se rappelle que ça va finir par se voir qu’il se fout de la gueule du monde avec ses espaces vides).
Et ne croyez pas que le trait va s’améliorer d’un album l’autre, comme c’est le cas de certains dessinateurs qui affinent leur technique, gagnent en assurance et en maîtrise au fur et à mesure qu’ils avancent dans leur sage. Maconi affiche,lui, une parfaite constance dans le moyen et l’effort minimal.

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