Bernard Montorgueil, récits illustrés

Dressage suivi de Une brune piquante
Les quatre jeudis suivi de Barbara
Bernard Montorgueil

Éditions Dominique Leroy

Dressage Une brune piquante Les quatre jeudis Barbara Bernard Montorgueil Editions Dominique Leroy

La biographie de Montorgueil est rapide à écrire : on ne sait rien de lui. Une série d’illustrations, quatre textes, plus un cinquième qui lui est attribué sans certitude. On ignore si les textes et les dessins qui les accompagnent sont de la même main. Ces travaux, qu’on date de l’entre-deux-guerres, circulent sous le manteau dans les années 50, avant d’être édités dans les années 70 sur papier, puis dans les années 2010 en numérique.

Commençons par l’édition, puisqu’on en parle. Catastrophique. J’ai eu l’occasion de bosser avec des auteurs autoédités, des petites maisons d’édition, des moyennes et même quelques grosses ME, soit toutes les échelles possibles, avec tout ce qu’on peut imaginer comme moyens derrière, du système D au budget confortable, je n’ai jamais vu un amateurisme pareil dans la mise en page. Et c’est pourtant pas faute d’en avoir vu, des conneries, mon taf consiste justement à les corriger. Des tirets courts pour les incises et les dialogues au lieu des semi-cadratins et cadratins, des apostrophes à l’envers, certains paragraphes alignés à gauche quand le reste est en justifié, des espaces manquantes ou surnuméraires à foison, des coquilles et des fautes… Un foutu carnage de bout en bout, y a quasi pas une ligne sans quelque chose à corriger. À ce niveau, ça tue le plaisir de lecture dès les premières pages et faut se forcer pour tenir jusqu’à la dernière.

Les quatre textes concernés tournent autour de la soumission masculine et du masochisme de ces messieurs, esclaves dominés et fouettés par des dominatrices en satin ou en cuir (exception faite de Dressage, où le Maître est un bonhomme). Du Sacher-Masoch mais en mieux – pas bien difficile, me direz-vous – parce que beaucoup moins bavard et éthéré, beaucoup plus explicite et concret.
Pas le thème qui me fait triper, mais si c’est votre truc, ces récits font le taf sur le sujet. Perso, je m’étais lancé dans cette lecture pour la curiosité. À l’arrivée, c’est pas plus mon univers qu’avant, mais ma curiosité est satisfaite et l’objectif rempli.

La soixantaine d’illustrations émaillant les deux volumes ont gardé leur charme d’époque (même si la version numérique ne leur rend pas honneur). Outre les classiques décors de donjon avec mur de pierre en arrière-plan, on notera une prédilection pour les intérieurs bourgeois propres sur eux, qui accentuent le décalage avec l’action représentée, tout en fouet, cravache et pan-pan cul-cul. On en dira autant des tenues de ces dames, les unes en corset, cuissardes ou combinaison intégrale en cuir, les autres en tenue de ville traditionnelle. Joli grand écart entre l’idéologie bourgeoise qui ne jure que par la décence, la bienséance, la morale, la respectabilité, l’honorabilité, et des pratiques considérées au plan social comme inacceptables et dépravées.

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