Autour de minuit – Dartevel, Piacentini, Ledun, Salem

Autour de minuit
Anne-Céline Dartevel, Marin Ledun,
Elena Piacentini & Carlos Salem

Éditions in8

Couverture Autour de minuit Dartevel Ledun Piacentini Salem
Un clavier comme on n’en voit pas tous les jours…

Avant le crépuscule ne m’avait pas emballé plus que ça. Peut-être parce que le timing ne me convenait pas, peut-être parce que Stephen King ne s’est pas foulé. Va savoir… Nouvelle excursion dans un recueil de nouvelles, cette fois à un horaire plus tardif. Autre éditeur, autres auteurs, autre temps, autres mœurs, autre (précisez […………………………………………..]).
Comme les trois mousquetaires, ils sont quatre. Elena Piacentini, que j’ai déjà lue et que j’adore (cf. Un Corse à Lille et Carrières noires). Marin Ledun, que je ne connais que de nom. Anne-Céline Dartevel et Carlos Salem, dont je n’avais jamais entendu parler.
Aventure et découverte au programme ! Pour ça que j’adore les recueils de nouvelles, tu peux avoir un aperçu de plusieurs auteurs d’un coup. Plus rapide et moins cher qu’autant de romans.

Avant de te livrer mon avis éclairé sur les textes – parce qu’autour de minuit, on a toujours besoin de lumière – et pour faire durer le suspens, je vais revenir sur l’objet-livre.
Une jaquette qui se présente comme un bouquin classique (couverture, quatrième). Tu ouvres en deux, hop, le pitch des nouvelles. Tu déplies les rabats et re-hop, tu te retrouves face à quatre livrets d’une trentaine de pages chacun (un par nouvelle, tu l’auras compris… enfin, j’espère).
La super classe !
Après, la classe a un coût : 18€. Pas donné, sans être excessif à dire. Pour une édition standard présentée avec une qualité de collector, ça va quoi, tu n’as pas l’impression de te faire arracher la peau des rouleaux (ou des roulettes si tu es une fille).

Le ramage du bousin se rapporte-t-il à son plumage ?
Oui.

The end

Oh, les gars, c’est trop tôt pour le générique de fin, merci de repasser plus tard.
Or donc, oui. Les quatre nouvelles sont bonnes et tant mieux. Parce qu’autant, sur un recueil de quinze ou vingt, tu peux glisser une paire de nouvelles moyennes, autant quatre, pas le droit à l’erreur, le moindre texte boiteux disqualifierait l’ensemble.

La nuit de Valentín – Carlos Salem
Un type picole dans un bar, une femme fatale entre, elle l’embarque dans la quête d’un dénommé Valentín.
Dans une ambiance quelque part entre Luis Buñuel et Jorge Luis Borges, Salem mélange codes du polar années 50 et fantastique, et passe le tout à la moulinette du second degré. Résultat, une parodie intelligente et déjantée.

Gasoil – Marin Ledun
Victor est pompiste. Il a servi la goutte de trop à Ziber. Lucie, sa sœur (à Ziber, pas à Victor), vient lui réclamer des comptes (à Victor, pas à Ziber).
La boule de neige, ou comment une chose en entraîne une autre et à la fin il ne peut en rester qu’un la situation part en vrille.
L’efficacité à l’état pur dès l’ouverture. Sa façon de poser en quatre pages, son décor, ses personnages, son contexte et pour ainsi dire la totalité du monde contemporain m’a emballé. Des files de bagnoles sorties de nulle part pour aller on ne sait trop où, la crise, les petits commerces écrasés par la grande distribution, le pompiste à l’ancienne ancré dans la réalité face au jeune commercial arrogant qui ne jure que par les données abstraités… Y a tout, pas un mot de trop, carré, percutant et juste.

Wild Girl – Anne-Céline Dartevel
Jean-Farid le jour, Mona la nuit. Tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes, mais on fait avec. Jusqu’au soir où Jean-Farid-Mona tombe sur ses parents, pas revus depuis des années…
Une nouvelle sur la thématique du monstre – en tant que figure littéraire, j’entends.
D’un côté, Jean-Farid au prénom improbable. L’hybride à la charnière entre… entre tout en fait. Mère française/père marocain… parents biologiques/famille adoptive… né homme/aujourd’hui “une drôle de fille” pour citer Fred (pas moi, celui de la nouvelle).
De l’autre, les Vieux, ses parents adoptifs, des petites gens bien comme il faut (donc adeptes des coups de ceinture si tu as le malheur de t’éloigner de la norme).
Du très bon noir !

Le dernier homme – Elena Piacentini
Aucun lien de parenté avec celui de David Coulon, même si les deux appartiennent à la grande famille du noir.
Ici, c’est Caïn et Abel en Corse. Une histoire de jalousie, une histoire d’amitié aussi. C’est ce que j’aime dans les textes de Piacentini : tout n’est pas juste noir, litanie déprimante de ténèbres, grisaille, alcoolisme, viol et pédophilie. Il y a aussi de la vie dans ce qu’elle raconte, ce qui permet à la fois de donner plus de force au noir par contraste et d’oxygéner le récit pour éviter au lecteur de se pendre à mi-parcours. Bel équilibre et bon texte de clôture.

The end

Nan, mais stop, quoi ! J’ai pas fini ! Arrêtez de balancer le générique toutes les deux minutes ! Y en a marre à la fin !

The end

Sans rire, les gars, ça va très très mal finir ! Et merde, le mot fatal…

The end

Or donc 2, le retour… Bel objet, idéal quand tu n’as pas de grosses plages de lecture (compte un quart d’heure par nouvelle), court mais dense avec une sélection intéressante. Rien à redire. Autour de minuit m’aura donné envie de découvrir d’autres œuvres du quatuor, c’est pile ce que j’en attendais.
Voilà…
Terminé…
Fini…
Générique !…
Oh, les gars ?…

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