L’Art d’aimer, 10 ans de leçons de séduction
Aubade
Éditions de la Martinière
Aubade, c’est Ovide en soutif et porte-jarretelles. Non, pas un travesti, je te parle de L’Art d’aimer qu’ils célèbrent à vingt siècles d’écart.
L’Art d’aimer appartient à la catégorie fourre-tout des “beaux livres”, que je définis comme des recueils de photos dont le prix est inversement proportionnel à la quantité de texte. Une prose minimaliste coûte la peau des fesses.
Il est paru en 2002, pendant l’âge d’or de la marque, en tout cas en terme d’image. Bien qu’il soit épuisé depuis un bail, pas mal d’exemplaires d’occasion traînent sur le oueb, ce serait dommage de s’en priver.
Même si je prends toujours plaisir à feuilleter L’Art d’aimer, j’avoue me désintéresser d’Aubade depuis quelques années. Sans doute à cause du cortège peu glorieux qui a suivi le rachat de la marque par le groupe suisse Calida en 2005. Délocalisation, licenciements massifs, baisse de qualité, slogans qui tournent en rond… L’inventivité, le savoir-faire et cette touche à mi-chemin entre l’art et l’artisanat sont morts et enterrés. C’est plus ce que c’était, ma bonne dame.
Ouh là, je me demande si je n’ai pas un peu trop lu Jess Kaan…
Pour l’heure, revenons-en à la charnière des années 1990-2000, la grande époque des leçons de séduction. Une campagne culottée qui a séduit aussi bien les femmes que les hommes, grâce au mystère de ses mannequins Marie-Antoinette (on ne voit jamais leur visage), à la mise en valeur de ses produits et à la touche décalée des leçons.
L’Art d’aimer couvre les cinquante premières leçons sur 200 pages. Papier glacé, tout en noir et blanc, calques ornementés en insert, dizaines de photos dont beaucoup en pleine page, grand luxe et grande classe. Plus qu’un simple recueil des leçons, l’iconographie s’enrichit de quelques dessins (Manara, Wolinski) et d’un making-of avec photos d’archives (conception, confection) et shoots des modèles. Un très beau livre pour se rincer l’œil dans un univers d’élégance et de sensualité.
Seul bémol, le texte d’accompagnement se limite dans sa grande majorité à des interventions de tout un tas de gens. Mannequins, photographes, auteurs, créateurs, journalistes, chacun y va de son petit laïus. Sympathique pour l’anecdote, mais Aubade ne se dévoile pas assez – un comble. On n’en apprendra pas beaucoup plus sur la marque elle-même ou la campagne des leçons qui a fondé sa renommée. L’Art d’aimer aurait gagné à être un peu plus qu’une publicité pour sa propre publicité.