Tron, c’est un peu comme le panthéon grec : culte mais antique.
Je l’avais vu il y a très, très longtemps, vers 1987 ou 1988. J’avais adoré.
À l’époque, ça claquait ! On n’avait pas encore Internet, la fibre, le 4K, l’IA, la puissance des processeurs informatiques se comptait en méga, la RAM en kilo. J’avais un Amstrad – l’équivalent d’un PC de maintenant mais à vapeur – et c’était déjà pas mal en ces temps reculés. Les films traitant de jeux vidéo n’étaient pas légion (on citera Wargames sorti un an après Tron), vu que le sujet était encore jeune. Quant à la réalité virtuelle, elle relevait du doux rêve.
Aujourd’hui…
Tron a salement vieilli. Les looks années 80, le grain d’image, les effets spéciaux, le sujet lui-même… J’ai tenté de le revoir, mais j’ai vite arrêté les frais. Je préfère rester sur l’impression de jadis, quand le film m’avait impressionné.
Il reste culte, comme à peu près tout des années 80, par nostalgie des gens de ma génération, la fameuse génération Albator. On a toujours eu du mal à grandir, le terme adulescent a été forgé pour nous.
Son esthétique particulière en a frappé plus d’un, idem ses scènes d’anthologie comme la course de motos. Si les effets numériques ont pris du plomb dans l’aile avec le temps, ils ont au moins le mérite de servir le propos, pas de servir de poudre aux yeux pour camoufler l’absence de scénario (même si ce dernier, Disney oblige, reste assez simpliste dans ses enjeux).
Tron a trop vieilli pour le regarder aujourd’hui comme on le voyait en son temps. Il n’en reste pas moins une curiosité à voir, un classique, du moment qu’on sait le visionner comme un voyage, à la fois dans l’histoire du cinéma, dans la préhistoire numérique et dans la matrice de l’époque. Il a réussi le pari de tenir le défi technologique et la performance artistique, créant un univers, une ambiance et une esthétique uniques.