Vu en son temps – 2006 – coup sur coup avec L’Illusionniste et revu avec son binôme, je garde au final une préférence pour la magie version Norton en dépit d’un scénario qui manque de profondeur. Le Prestige est une esbrouffe qui ne repose que sur des facilités.
Comme toujours avec les films de presgiditi… de prestitigi… de magiciens, on sait bien que tout ce qu’on voit à l’écran n’est que poudre de perlimpimpin pour enfumer le spectateur. L’intérêt est de deviner ce que le film cherche à cacher tout du long et à révéler à la fin. La course pour savoir qui sera le plus malin.
Problème du Prestige : y a pas un foutu pet de quoi que soit pour te permettre de capter comment fonctionne le tour de “L’homme transporté” version Borden avant qu’on t’explique comment il fait (un comment on ne peut plus décevant, soit dit en passant, parce que le plus basique et simpliste qui soit).
À côté de ça, dans sa version Angier, le même tour fait appel à la science-fiction, tour de passe-passe qui permet de justifier tout et n’importe quoi. À partir du moment où le récit sort du réalisme pour s’engager dans l’anticipation, même plus la peine de chercher des explications rationnelles et crédibles. Pas que la SF me gêne en soi, mais le virage sent l’astuce scénaristique pour se sortir d’une ornière narrative à coup de bien-nommée baguette magique. Faudra que je lise le bouquin de Christopher Priest pour voir si dans le roman, ce glissement vers l’imaginaire passe mieux ou s’il arrive aussi comme un cheveu sur la soupe.
Faudra se contenter d’un vague indice qui n’indique rien au sujet d’un magicien chinois qui joue la comédie de l’infirmité pour donner le change même en dehors de la scène. À mettre en relation avec le moment où Borden perd deux doigts lors d’un tour qui foire. On notera l’absence totale de subtilité avec laquelle la chose est amenée…
Bref, faudra se contenter de regarder s’agiter les deux rivaux Borden (Christian Bale) et Angier (Hugh Jackman), rivalité qui doit plus au second qu’au premier et a pour fonction d’imprégner l’histoire des thèmes de l’obsession et du secret. Ces thématiques sont là surtout parce que certains personnages prononcent les mots clés. Leur présence reste diffuse, éthérée, sans questionnement creusé au-delà de “on vous montre un mec obsédé par le secret de son concurrent, point”. Les conséquences qui en découlent sont torchées comme de simples conclusions d’ordre scénaristiques, jamais comme une piste de réflexion qui mènerait à se demander si ça valait bien le coup, jusqu’où on peut aller.
Alors y a des moyens, du casting, mais l’écriture ne suit pas. L’intrigue peine à… intriguer, justement. On voit les deux zozios s’agiter sans qu’on se passionne pour ce qu’ils grenouillent. La faute aux deux personnages principaux aussi antipathiques l’un que l’autre. Angier est un bourrin obsédé par sa quête, on le déteste tout de suite. Borden, qui est plus ou moins censé faire office de gentil, pas mieux, il semble n’en avoir rien à foutre de personne, à part peut-être un peu sa fille, plus parce qu’on nous le dit qu’à travers ce qu’il montre à l’écran Les personnages féminins restent en carafe alors qu’il y avait moyen de faire tellement mieux avec. Chacune est expédiée brutalement (au choix, noyée, pendue, ou se lève de sa chaise, quitte la table et l’histoire dans le même élan) au terme d’un sous-emploi dommageable. Elles sont là pour qu’on comprenne bien l’impact de l’obsession et du secret sur l’entourage des deux trouducs masculins, leur fonction est appuyée bien fort, trop. Une fois leur tâche accomplie, au revoir. Très utilitariste et superficiel comme emploi.
Bilan, pas un mauvais film mais très lourd dans sa façon de souligner ce qu’il faut en comprendre, très paresseux dans sa tentative de se montrer plus malin que le spectateur. Le final ne surprend ni n’émeut.