Six prisonniers s’évadent, embarquent une otage, fuient à travers le désert, découvrent un médaillon qui traînait là au milieu de nulle part, rencontrent un vieil Apache qui habite là au milieu de nulle part aussi, et partent à la chasse au trésor plutôt qu’en cavale au Mexique.
Cette seule phrase couvre à elle seule la moitié du film, c’est dire si on s’emmerde devant ce film qui sera à chier jusqu’au bout.
Les sept momies est une de ces de ces innombrables bouses qui pullulent sur les catalogues de VOD.
Le métrage fait la part belle au remplissage pour gagner du temps, surtout dans sa première partie, où faut vraiment lutter pour ne pas la passer en avance rapide, la zapper ou se crever les yeux de dépit face au néant auquel on est confronté.
Passons sur l’évasion des prisonniers, prétexte à placer six évadés et une gardienne à forte poitrine sur les lieux de l’intrigue. Oh, ils sont sept, quel curieux hasard… Vu qu’on est dans une production fauchée, pas d’accident dantesque comme dans Le fugitif, la scène démarre sur un plan de fourgon déjà accidenté. Suit un quart d’heure de marche des évadés sur fond de dialogues crétins, jamais une traversée du désert n’aura si bien portée son nom…
Quand on n’est pas aspiré dans un vide abyssal, c’est pas tellement mieux. Le quelque chose est pire que le rien, qu’on regretterait presque.
Le groupe de pieds nickelés tombe sur un Indien (joué par l’éternel Danny Trejo) dont la présence solitaire dans le désert n’est pas expliquée. Mais il fallait un prétexte pour amener la piste au trésor, donc voilà. Comme tout bon Indien de cinéma, il connaît une histoire locale, “la légende de l’or perdu”, qui se raconte depuis des siècles. Il est question d’un trésor sorti d’une mine exploitée par des ouvriers indiens eux-mêmes réduits en esclavage par les Espagnols. Au lieu d’être envoyé en Espagne comme ça se faisait à l’époque, le trésor est caché dans le désert pour une raison aussi inexpliquée qu’inexplicable. Sept prêtres jésuites ont pour mission de préserver le secret. Pourquoi eux ? Vous voudriez bien le savoir… moi aussi.
Voilà, je cite, “plus de cinq cents” que la légende circule. Une belle prouesse quand on sait que les Espagnols ne découvrent les lieux qu’en 1517, ne font tomber l’empire aztèque qu’en 1521 et que la colonisation espagnole ne va pas se mettre en place du jour au lendemain. Les Jésuites n’apparaissent quant à eux qu’en 1539. Alors près de cinq cents ans, oui ; plus, non, du tout. Notez qu’à la fin du récit de la légende, il n’est plus question que quatre cents ans. Le temps est une notion relative, quand l’incohérence reste une valeur sûre.
Voilà donc la fine équipe de bras cassés partie en quête du pognon. Pour trouver le trésor, il faut ramener à un endroit pas précisé sept médaillons alors qu’ils n’en possèdent qu’un et que la localisation des six autres est inconnue. Bonne chance…
Après quelques inutiles plans de marche dans le désert des fois que les précédents n’auraient pas suffi, le groupe de prisonniers arrive dans un village. Comme dans toute légende indienne, l’homme blanc a bien évidemment construit là où il ne fallait pas. Pile au mauvais endroit, pas de bol vu la taille du désert. Fins limiers, nos sept mercenaires du pauvre ne s’étonnent de rien et s’installent dans un saloon de pacotille avec partie de poker, pianiste, prostituées et descente du shériff. Tous les clichés sont réunis, personne ne tilte sur le fait que tous les habitants soient habillés comme dans un western, avec un siècle et demi de retard sur la mode actuelle.
La nuit tombe enfin… Et toute la population old-fashion se transforme en goules, dont le maquillage raté garantit un fou rire. Cette scène de révélation du pot aux roses vaut son pesant de cacahuètes, aussi prévisible que mal filmée. Le groupe de prisonniers se retrouve cerné au milieu du saloon et défend sa peau lors d’une bagarre d’une mollesse sans nom. La moitié des acteurs et figurants semble avoir pris une dose massive de calmants, pendant que l’autre moitié se livre à des cascades au ralenti comme s’ils avaient peur de se blesser. S’ensuit une poursuite à travers la ville qui se résume surtout à visiter des baraques poussiéreuses et accumuler les incohérences. C’est ainsi que la horde de goules disparaît du film ou encore que l’un des prisonniers met la main sur la carte du trésor (qui ne servira pas).
Avec leur unique médaillon, les rescapés de la cour des miracles parviennent quand même à ouvrir la crypte impossible à ouvrir sans les six autres breloques – à ce stade, on n’est plus à une absurdité près – et découvrent enfin une momie ! Il s’agit des fameux jésuites, ce dont on se doutait à peine. Sept jésuites dans la légende, sept momies dans le titre, on avait un petit indice… La scène d’affrontement est à pleurer de rire, avec ses revenants qui sautent à la manière de Tigre et Dragon et se battent comme dans Street Fighter. Des momies de kickboxers jésuites, on ne voit pas ça tous les jours !
Lent et mou, mal filmé, une intrigue aussi confuse que fourre-tout, cadrages à tire-larigot sur les décolletés des actrices, scènes gore minables, maquillages niveau Halloween de maternelle, casting à la ramasse, mention spéciale aux dialogues terribles de nullité à la limite du supportable. Chaque fois qu’un type s’adresse à un autre, il finit sa phrase par “vieux”. Salut, vieux. Ça va, vieux ? Bien, vieux. Et toi, vieux ?… Dans les pires passages, on compte une dizaine de vieux à la minute ! Même Perceval il en met pas dans les récits de ses aventures à la Table ronde.
Très ennuyeux dans sa première moitié, Les sept momies dispose heureusement dans la seconde de quelques passages et ingrédients très nanars qui permettent de ne pas trop regretter l’heure et demie passée devant ce bon gros navet.