Après deux tomes de Phitanie (L’Autre Monde et Les Quatre Royaumes) et autant de rencontres mémorables (Envie de Livres et Les Halliennales), il ne manquait que l’interview pour compléter le grand sachem (c’est comme un grand chelem avec moins de raquettes et plus de plumes).
Sauf à avoir le QI d’un candidat de télé-réalité, vous l’aurez compris, l’invitée du jour est Tiphaine Croville.
Un K à Part – Bonjour, Tiphaine, présente-toi brièvement… ou longuement, comme tu veux.
Tiphaine Croville – La question à peine stressante ! J’ai l’impression d’être à un entretien d’embauche et d’avoir deux minutes pour marquer les esprits…
K – Si ça peut te rassurer, ici on s’habille en Lafargue, il n’y a donc aucun poste à pourvoir.
TC – Que dire ? Je m’appelle Tiphaine, j’ai 26 ans, je mesure 1m52 et le 20 novembre 2017, la totalité de ma trilogie Phitanie sera sortie ! J’adore lire (principalement du fantastique, de la fantasy et des histoires d’amour), je suis très gourmande (surtout quand il s’agit de tartes aux fraises), et j’aime croquer la vie à pleines dents ! Certains diront que je suis une pipelette, d’autres que j’ai tout le temps le sourire, mais je n’accorde que peu de crédit à ce qu’on peut raconter à mon sujet…
K – Parlons maintenant de ton parcours d’auteur. Encore une question qui fait très entretien d’embauche, à croire que j’ai été DRH dans une vie antérieure que j’ai ratée…
TC – C’est drôle parce que le week-end dernier, je déjeunais chez mes parents et on s’est mis à ressortir des petits mots ou poèmes que je leur avais écrit quand j’étais petite. C’est ainsi qu’à l’âge de 6 ans, j’écrivais à mon père que je l’aimais et qu’il était “mon corps” et à ma mère que je lui faisais un “bisou belle blonde”. Autant dire que le légendaire “j’ai toujours écrit” en a pris un sale coup ! Note à tous les parents : gardez toujours ces perles que vos enfants vous adressent, parce qu’on en pleure de rire des années après !
Donc même si de toute évidence j’avais, déjà petite (je parle de l’âge, hein), une appétence à l’écriture et que j’aimais faire chanter les mots ensemble, ce n’est qu’au collège que j’ai vraiment commencé à écrire plus sérieusement des poèmes. Puis ma première véritable entreprise a été Phitanie, à la fin du lycée, que j’ai mis 5 ans à écrire.
K – Tes lectures préférées vont de Harry Potter à 1984, c’est éclectique, dis-moi ?
TC – Pas tant que ça ! Au final il s’agit soit d’histoires d’amour, soit de littératures de l’imaginaire. Et ce duo s’explique certainement par celui de mes parents. C’est avec ma mère que je passais mes après-midis devant des films à l’eau de rose ; et avec mon père que je regardais des films et séries de science-fiction, fantastique ou fantasy. J’ai transposé mes goûts cinématographiques dans les livres.
Au global, tant que j’arrive à m’attacher aux personnages et à adhérer à l’univers proposé par l’auteur, ça me suffit. Mon mot d’ordre est “évasion”. Ce qui compte quand j’ouvre un livre, c’est d’abord de passer un bon moment.
K – J’ai un grand jeu en salon, qui consiste à laisser les auteurs me faire l’article d’un de leurs bouquins que j’ai déjà lu – sauf qu’ils ne le savent pas. C’est crétin, mais ça me fait marrer, surtout la tête qu’ils font au bout de cinq minutes de speech quand je leur sors “nan, mais je connais, je l’ai fini hier”. Bon toi, tu sais que j’ai arpenté les pages de Phitanie, me privant du plaisir de te blouser. Snif. Le dernier tome de ta trilogie vient de sortir, on va faire comme si je découvrais son existence. Présente-moi ton œuvre et donne-moi envie de m’y plonger.
TC – Pour être honnête je ne suis pas certaine d’être très douée en la matière. La première fois que j’ai expliqué l’histoire de Phitanie, mon interlocuteur a retenu qu’il s’agissait “d’une histoire de nains sous terre avec des dragons”. Plus récemment, aux Halliennales, la synthèse s’était transformée en “histoire d’Avatar mais sous terre”. Dans les deux cas, pas grand-chose à voir avec Phitanie !
Mais comme c’est toi et que tu es gentil, je veux bien retenter l’exercice. Phitanie, c’est l’histoire d’une jeune femme de 18 ans qui atterrit dans un monde plus proche du noyau de la Terre où magie et animaux extraordinaires cohabitent. Elle fera la connaissance d’Arthus, d’Emmeran, ou encore de Nyal qui deviendront ses alliés et qui l’accompagneront dans une guerre contre Valdaraus : le roi de Phitanie. L’héroïne devra donc non seulement s’adapter à un nouveau monde, mais aussi s’engager dans un combat qui la dépasse.
Mes lecteurs comparent souvent mon univers à celui de Pierre Bottero (Les mondes d’Ewilan) ou à celui de Narnia. D’autres le rapprochent de Divergente. Toi, tu dirais quoi ?
K – Euh… normalement c’est moi qui pose les questions. Ton résumé me paraît clair, donc j’avoue que certaines comparaisons/interprétations me laissent perplexes. J’ai dû zapper le passage avec les nains et les schtroumpfs, à moins qu’un lutin n’ait volé le chapitre en question dans mon exemplaire de L’autre monde. Le rapport avec Avatar, j’en vois autant qu’entre La grande vadrouille et La Princesse de Clèves. Quant au rapprochement avec Divergente, pas très gentil, je trouve, vu comment ce machin se limite à du creux avec pas grand-chose autour. Narnia, oui, là ça se tient, Phitanie se situe dans le même esprit d’aventures et de merveilleux. Ou À la croisée des mondes de Philip Pullman, avec du Pausanias en accompagnement.
K – Phitanie, tel Capri, c’est fini. Tu as déjà des idées pour la suite de tes écrits ? D’autres aventures dans le même univers ? Quelque chose qui n’a rien à voir ?
TC – “Phitanie, c’est fini, et dire que tu étais mon premier amour”. Mon premier projet d’envergure, ma première publication… J’avoue que lorsque j’ai mis un point final au dernier tome de Phitanie, ça m’a fait tout drôle. Cinq ans que l’histoire de Phitanie me tenait en haleine et habitait toutes mes nuits… et c’était fini. J’ai eu un an de répit pendant lequel Rebelle éditions a décidé de publier ma trilogie et lors duquel je me suis replongée dans mes écrits pour les corriger, les relire, et échanger avec les lecteurs. Au début j’avais peur de ne pas être capable de me lancer dans un nouveau projet mais l’envie d’écrire est rapidement revenue. J’ai aujourd’hui deux projets en cours, mais je prends tout mon temps pour les bichonner. Le premier, un peu plus proche de l’univers de Phitanie, parlera de magie mais dans notre monde cette fois-ci. Le second, quant à lui, n’a rien à voir puisqu’il s’agit d’une romance dans l’Angleterre du début XXème. Un peu à la Downton Abbey.
K – On sera donc amenés à se recroiser, au moins par bouquins interposés, excellente nouvelle ! Revenons sur cette histoire de tartelette aux fraises (toute l’interview, tu t’en doutes, n’était qu’un prétexte pour arriver à cette question cruciale). D’après ton site, tu aimes “manger les fraises de la tarte avant de déguster la crème et la pâte sablée”. Il se trouve que c’est mon cas aussi, mon côté Monk (je déteste quand les aliments se touchent, je les mange séparément et dans un ordre précis…). Dans ton cas, comment est venue la révélation de la Véritable Méthode de Mangeage de Tarte aux Fraises ?
TC – Je l’attendais cette question et tu as vu, je l’ai même espérée en évoquant ledit dessert dans ta première question ! Il se trouve que face au célèbre mille-feuille qui trônait à chaque anniversaire de mes grandes sœurs, j’ai rapidement imposé la tarte aux fraises. Pourquoi ? Les fraises sont mes fruits préférés. J’adore la crème pâtissière. Tu devines donc bien comment j’ai découvert la Véritable Manière de Déguster une Tarte Aux Fraises. Je n’ai jamais compris pourquoi deux éléments bons séparément devaient forcément être meilleurs ensemble. Non ! J’aime le chocolat, j’aime les fruits. Mais la fondue au chocolat avec des fruits : on en parle de cette hérésie ? La tarte aux fraises, c’est pareil : je préfère profiter du goût de chaque aliment plutôt que de perdre leurs vraies saveurs en les mélangeant.
K – Content d’apprendre que je ne suis pas le seul à vouer aux gémonies la fondue au chocolat, la faute de goût ultime en matière de desserts…
Je te laisse le mot de la fin, au choix par galanterie ou parce que je suis une bille quand il s’agit de conclure (Jean-Claude Dusse, ne le prends pas pour toi…).
TC – “Supercalifragilisticexpialidocious”. Un autre mot qui vaudrait de l’or au Scrabble, mais qui cette fois ne sort pas de mon livre. 😉
Addendum après la sortie du dernier volume :
– tome 1, L’autre monde ;
– tome 2, Les quatre royaumes ;
– tome 3, Destinée (chronique accompagnée d’une vue d’ensemble de la trilogie).